Les vers se versent en averse

Algérie, Algeraie

J’écris ce poème

Pour parler de moi-même

Et confier certains soirs

Lorsque la t.v scintille dans le noir.

Images débiles d’un feuilleton stérile

Clips effervescents, chansons futiles….

La TV, moi, je ne peux m’y accrocher !

Et, pendant que les têtes immobiles se laissent matraquer

Je laisse errer mon regard sur la famille réunie.

Les enfants sont si sages, si fragiles, si petits !

Ma grande, elle, me ressemble déjà

Tiens ! elle a la même coiffure que moi !

Mon compagnon tire sur sa cigarette

Et me fait un geste complice de la tête.

La grand-mère  offre à l’écran

Un visage fouetté par le temps…

Soudain, mon regard se fige !

Quelque part en moi

Quelque chose se brise ou se noie.

C’est la folie, la transe, l’hystérie !

Des cadavres amoncelés couvrent l’Algérie !

Comment vivre, respirer, quand le sang

Des femmes et des enfants a éclaboussé l’écran ?

Comment expliquer, canaliser, accepter ?

Même des vampires seraient rassasiés !

Lorsque l’Algérie fait l’évènement

Il n’est plus possible de réfléchir décemment !

Quelle race animale est aussi sanguinaire ?

Quelle fiction oserait pousser l’imaginaire

Jusqu’à créer un escalier de cadavres lynchés

Montant vers un ciel d’un bleu d’acier ?

Après m’avoir jeté l’insulte à la figure

Le speaker passe à des sujets de meilleur augure

Mais, mes oreilles sont sourdes.

Si je parle, mes phrases sont lourdes

Et, mon petit bonheur que je contemplais

N’est plus qu’une chaude plaie !

Comment oser être heureux

Quand, à côté, il ya le feu ?

Comment oser être fier d’être un être humain

Quand la vie humaine est si méprisable pour certains ?

J’appartiens à une race sans foi ni loi

Une race dite humaine mais capable de n’importe quoi !

J’ai honte, j’ai honte, j’ai honte…

Et, une voix souterraine monte,

Chante, chante, chante…

Fraiche, paradisiaque, apaisante :

Algérie

Algérie

Beau pays

Oliveraie

Algérie

Algérie

O ma vie

O ma plaie

Algérie

Orangeraie

Algérie

Paradis

Vigneraie