J'étais poète !
J'étais poète, les yeux rêveurs, le cœur en fête
Les mots étaient mes compagnons de jeu
Ensemble, on allumait des foyers dont le feu
Réchauffait les cœurs et tournait les têtes.
J'étais poète et je ciselais des rivières
Au diamant des lettres pures qui brillaient
Sans qu'on s'attarde à leur lumière
Et moi, j'entendais leur appel langoureux.
J'étais poète. Pas une tournure ne me résistait,
Pas un enfant, pas une fleur ne me saluaient
Et même ceux qui ne voyaient pas mes images
Baissaient les yeux à mon passage.
J'étais poète, telle la fée avec sa baguette
J'émiettais la lumière au dessus des têtes
Mes mots murmurés étaient magiques
Et avaient des pouvoirs magnifiques
On les écrivait en talisman dans les cœurs
Pour que l'amour y remplace les pleurs
On les gravait sur le flanc des pierres
Et elles fondaient en douces rivières
On les récitait aux chevets des souffrants
Et le vent emportait maux et malédictions !
J'étais poète ! j'étais poète ! poète j'étais !
Que m'est-il arrivé ? Où est le verbe fou
Qui me faisait vibrer et s'emparait de vous ?
Et qu'avec vénération vous fêtiez ?
Où est la douce brise qui coulait, sereine
De mes délires et effaçait vos peines ?
Où est mon adresse à dire sans en avoir l'air
Ce qui vous ronge le cœur et à faire
De vos larmes les plus beaux vers ?
Où est cette lumière qui traçait mes lignes
Traversait mes pages, se versait dans vos yeux ?
J'étais le poète altier, le prince digne
De tous les honneurs, ignorant la peur
De la page blanche et du ténébreux silence
Me voici, Prométhée livré au rapace rongeur
Connaitrai-je un jour la délivrance ?
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