Les vers se versent en averse

Les vers se versent en averse

Une adaptation des aventures de Don Quichotte...usez du copier-coller, c'est pour vous...( plutôt, vos enfants au primaire et au collège)

 

Collection Jeunes lecteurs

 

DON QUICHOTTE

Le berger et les voyageurs

Une adaptation en français facile de passages choisis du célèbre roman de Cervantes

Adaptation : Monia Belazi

 

 

PRINCESSE

 
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans la collection « Jeunes lecteurs »

 

  1. 1.       DON QUICHOTTE  Chevalier
  2. 2.       DON QUICHOTTE Le berger et les voyageurs
  3. 3.       DON QUICHOTTE Les livres et les moulins
  4. 4.       DON QUICHOTTE Le carrosse et les muletiers
  5. 5.       DON QUICHOTTE Les moutons et les prisonniers
  6. 6.       DON QUICHOTTE revoit Dulcinée
  7. 7.       DON QUICHOTTE  La barque et les comédiens
  8. 8.       DON QUICHOTTE  chez le Duc

 

 


 

Le pauvre garçon battu

 

A l’aube, Don Quichotte quitte l’hôtel. Il est fou de joie. Le voilà enfin chevalier ! il va pouvoir réaliser ses rêves d’aventures. Il va vivre comme les héros des livres qu’il lisait ! il va montrer au monde entier la valeur de son bras et débarrasser sa patrie des géants malfaisants et des voleurs de grand chemin. Il se rappelle cependant les conseils de celui qu’il prenait pour un grand seigneur à propos de l’argent, des bagages et de l’écuyer. Il dirige alors Rossinante vers le village pour prendre ce qui lui manque. Le cheval, comme s’il avait reconnu le chemin, se met à galoper de si bon cœur qu’on dirait que ses sabots ne touchent pas terre. Au bout d’un quart d’heure de galop allègre, Don Quichotte croit entendre, venant d’un bois à sa droite, des cris plaintifs. Il arrête net Rossinante et dit tout haut : « Merci mon Dieu pour la faveur que vous m’accordez en m’envoyant si tôt l’occasion de remplir mes devoirs de chevalier. Ces cris sont sans doute ceux d’une personne qui a besoin de mon secours. »

Il tourne alors la bride de son cheval vers l’endroit d’où viennent les mystérieuses plaintes. Il n’a pas fait vingt pas qu’il voit une jument attachée à un chêne. A un autre chêne est attaché un jeune garçon d’environ quinze ans, nu de la tête jusqu’à la ceinture. C’est lui qui crie tant et il a bien raison de le faire car un vigoureux paysan lui fouette le dos à grands coups de ceinture de cuir. Il le gronde et lui donne des conseils à chaque fois que la ceinture s’abat sur sa peau.

-         Il faut avoir la bouche close et les yeux éveillés, dit-il.

-         Je ne le ferai plus, monseigneur, répond le garçon, je promets d’avoir soin de votre troupeau dans l’avenir !

Don Quichotte regarde un moment la scène puis, il se décide à intervenir.

 

 

 

 

       


Don Quichotte intervient

 

Il s’écrie d’une voix coléreuse à l’intention de l’homme qui, probablement, châtie son berger :

-         Comment osez-vous vous attaquer à qui ne peut se défendre ? c’est lâche, ce que vous faites. Venez vous mesurer à moi et laissez tranquille ce malheureux garçon. Vous méritez que je vous mette en quatre !

Le paysan se retourne et voit ce fantôme couvert d’armes qui le menace en brandissant sa lance. Il est gagné par la peur et dit d’une voix tremblante :

-         Ce garçon que je punis est l’un de mes valets. Il me sert à garder un troupeau de brebis. Mais, il fait si mal son travail que, chaque jour, il en manque une. D’ailleurs, je ne sais s’il est paresseux ou fripon. Il a peut-être vendu les brebis disparues. En plus, il m’accuse de chercher prétexte dans cette affaire pour ne pas le payer et ceci est un mensonge.

-         Un mensonge en ma présence ? réplique Don Quichotte indigné. Je ne sais ce qui me retient de vous transpercer de part et d’autre avec ma lance. Vite, payez-le tout de suite et sans un mot ! sinon, je vous tue sur le coup. Qu’on détache ce pauvre garçon !

Le paysan baisse la tête sans répondre et détache son berger. Don Quichotte demande à celui-ci combien lui doit son maître.

-         Neuf mois, à sept rials le mois.

Don Quichotte fait le compte et ordonne au paysan de donner au jeune garçon soixante-trois rials immédiatement s’il tient à garder la vie. Tout tremblant, le paysan s’avance vers le chevalier et dit en balbutiant :

-         Je jure que la somme n’est pas si forte.

En plus, il faut en soustraire la valeur de trois paires de souliers qu’il a données au jeune homme, ainsi que des soins qu’il a payés pour lui alors qu’il était malade.

-         Les souliers et les soins sont le prix des coups qu’il vient de recevoir, décide Don Quichotte. Il a déchiré le cuir des souliers en les portant et vous venez de lui déchirer la peau en le fouettant. Vous avez payé ses soins quand il a été malade et il vous a servi une fois guéri. Donc, il ne vous doit rien et vous lui devez soixante-trois rials.

-         Le malheur, répond le paysan, c’est que je n’ai pas d’argent sur moi. Nous allons, André et moi, rentrer à la maison et je le payerai sans tarder.

 


Le jeune garçon intervient :

-         Seigneur, ne me laissez pas partir avec lui ; une fois seuls, il va me mettre en pièces et non me payer.

-         Non, non, il n’en fera rien, réplique Don Quichotte. Il me respecte trop pour me désobéir. Il suffit que je lui donne un ordre pour qu’il l’exécute sans discussion.

-         Que votre grâce, seigneur, prenne garde à ce qu’elle dit, insiste le berger. Mon maitre n’est pas un chevalier comme vous, il peut ne pas tenir sa parole. Il est capable, après votre départ, de refuser de me payer le prix de mon travail passé.

-         Je n’en ferai rien, André, mon ami, intervient le paysan. Je vous payerai et j’y ajouterai même des intérêts.

-         Je vous laisse les intérêts, dit Don Quichotte. Payez-le seulement en bons rials dès que vous serez chez vous. Si vous ne le faites pas, je jure de revenir vous châtier ; je saurai bien vous découvrir même si vous vous cachez mieux qu’un lézard dans une muraille. Et sachez que c’est le valeureux Don Quichotte de la Manche, le réparateur de tous les torts, qui vous donne cet ordre. Maintenant, je dois m’en aller, ne changez surtout pas vos projets.

En disant cela, il pique Rossinante et disparait en un instant.

 

 

           


Double châtiment

Le paysan le suit des yeux jusqu’à ce qu’il disparaisse. Il revient alors vers André et lui dit :

-         Venez, mon fils, je vais vous payer ce que je vous dois comme ce justicier me l’a ordonné.

-         Oui, dit André en avançant vers son maitre, vous êtes sage d’exécuter ses ordres.

-         Je serai heureux de vous payer. Seulement, comme je vous aime beaucoup, je vais augmenter la dette pour accroître le payement.

Sur ce, il le prend par le bras rudement, l’attache de nouveau à l’arbre et s’applique à le battre encore plus fort qu’avant le passage de Don Quichotte.

-         Appelez maintenant votre justicier, mon cher André !

Une fois las de donner des coups, il le détache et lui donne la permission d’aller chercher le drôle de fantôme et de lui demander justice. Le pauvre garçon s’en va en pleurant à travers le bois et son maître reste à rire de l’aventure.

 

Belle Dulcinée

Don Quichotte, lui, continue à avancer, enchanté de l’aventure. Il se dit que sa carrière de chevalier commence bien. Tout en cheminant vers son village, il dit à demi-voix : «Tu peux être fière, Belle Dulcinée de Tobosco, d’avoir pour amoureux un chevalier aussi vaillant que Don Quichotte de la Manche. Il vient d’ôter le fouet de la main d’un impitoyable bourreau qui déchirait le corps d’un enfant délicat. »

En disant cela, il arrive à un carrefour et s’y arrête comme le font les héros des livres qu’il a lus. Pendant sa halte, il aperçoit une troupe de gens. Ce sont six marchands de Tolède accompagnés de quatre valets à cheval et de trois garçons à pied. Ils vont acheter de la soie à Murcie.

A peine les a-t-il vus que Don Quichotte se souvient d’une aventure lue et il se prépare à en vivre une semblable. Il redresse ses épaules, empoigne sa lance et attend leur approche au beau milieu du chemin.

Dès qu’ils arrivent à sa portée, il élève la voix pour déclarer : « Que tout le monde s’arrête ! Personne ne passera si on ne reconnait pas que l’impératrice de la Manche, Dulcinée de Tobosco est d’une beauté sans pareille au monde. »

Les marchands s’arrêtent, écoutent ce que dit Don Quichotte et le regardent de près. Ils pensent vite qu’il s’agit là d’un homme atteint de folie. Ils décident de se moquer de lui. L’un d’eux lui répond en prenant un air sérieux :

-         Seigneur chevalier, nous ne connaissons pas cette belle dame dont vous parlez. Faites-nous la voir et si elle est aussi belle que vous le dites, nous le reconnaitrons de bon cœur.

-         Si vous la voyez, vous n’aurez aucun mérite à le faire. L’important, c’est que, sans la voir, vous affirmiez qu’elle est la plus belle femme au monde. Sinon, gare à la bataille. Je me battrai contre vous tous, un à un ou tous ensemble. Dans les deux cas, je suis sûr de vous vaincre car j’ai raison.

-         Seigneur chevalier, reprend le marchand, je supplie votre grâce de reconnaitre que nous pourrions être injustes envers les princesses  de la Castille et envers bien d’autres en affirmant ce que nous n’avons jamais vu ni entendu dire. Veuillez nous montrer un portrait de cette dame et même s’il est aussi grand qu’un grain d’orge, nous pourrons porter en le voyant un jugement certain. D’ailleurs, n’ayez crainte, même si ce portrait la montrait borgne, ou si nous voyons qu’il lui sort des vers de l’œil, nous dirons ce que vous voulez entendre.

-         Elle n’est pas borgne et n’a pas de vers, s’écrie Don Quichotte, fou de colère, elle sent l’ambre et le musc ! elle n’est ni tordue ni bossue mais se tient bien droite ! Vous allez payer l’insulte que vous venez de faire à une beauté aussi grande que celle de ma Dulcinée.


Un combat inégal

Don Quichotte se précipite avec sa lance contre le marchant insolent. Il le fait avec tant de furie que celui-ci aurait été transpercé si sa bonne étoile n’avait fait trébucher Rossinante. En effet, le cheval est tombé en envoyant rouler le cavalier dans la poussière. Don Quichotte essaye de se relever mais ne peut le faire car le poids  de  sa  vieille  armure  est  bien lourd pour ses osseuses épaules. En se débattant vainement, il ne cesse de répéter : « Ne fuyez pas, lâches, vous voyez bien que c’est à cause de mon cheval que je suis étendu sur la terre. Quand je me serai relevé, j’aurai raison de vous tous ! »

L’un des garçons qui suivaient les marchands à pied perd patience. Il s’approche de Don Quichotte, lui arrache sa lance, la casse en trois morceaux et se met à le frapper avec l’un des morceaux. Malgré son armure, celui-ci ressent les coups furieux et il en a le corps meurtri et les membres disloqués. Les marchands ont beau crier au garçon de cesser de frapper et de laisser tranquille ce pauvre fou, il continue car il a pris goût au jeu. Il ne s’arrête que lorsqu’il a brisé tous les bouts de lance sur le corps du misérable qui continue de menacer en recevant la pluie de coups.

Enfin, la troupe s’en va, le laissant seul, emportant une histoire à raconter à leur arrivée à Murcie. Lui, il essaie de se relever mais il est en trop mauvais état pour le faire. Alors, il abandonne tout effort et se met à se rappeler quelques passages de ses livres pour se consoler. Sa mémoire en folie lui remet en tête une scène où un nommé Baudouin a été abandonné blessé dans la montagne.

 

 

 

 


Don Quichotte se met à se rouler par terre en récitant d’une voix affaiblie ce que disait le personnage dans le livre. A ce moment-là, passe un laboureur de son village et qui habite pas trop loin de chez lui. Voyant un homme étendu, il s’approche de lui et l’entend dire : « Je suis le valeureux Baudouin… » Le laboureur reconnait son voisin Don Quichotte.

-         Mon Dieu, s’écrie-t-il, seigneur, qu’est ce qui vous a mis dans cet état ?

Mais l’autre ne fait que lui conter les aventures livresques et décousues de Baudouin. Alors, croyant que le choc de la chute a fait perdre la tête à Don Quichotte, le laboureur le hisse avec peine sur son âne. Il ramasse les éclats de la lance et les met en paquet sur Rossinante. Puis, il se dirige vers le village. Don Quichotte, brisé et moulu, continue à délirer en poussant de temps en temps des soupirs montant jusqu’au ciel. Il oublie Baudouin et se met en tête qu’il est Rodrigo de Narvaez. Se sentant amené quelque part à dos d’âne, il se croit fait prisonnier et réclame sa liberté avec dignité comme l’a fait ce dernier une fois captif. En écoutant ces extravagances, le laboureur se dépêche  pour se débarrasser le plus vite de lui.

Affalé comme une saucisse sur le dos de l’âne, le drôle de chevalier se souvient de la douce Dulcinée : « C’est pour la charmante Dulcinée de Tobosco que j’ai fait et que je ferai les plus fameux exploits chevaleresques. »

Bien-sûr, Don Quichotte continue à dire ses bêtises mais le laboureur a décidé de ne plus lui prêter attention.

A suivre

 

Lire : Don Quichotte

Les livres et les moulins

 

 


Explication des mots difficiles

 

-         Malfaisants : qui font du mal.

-         Un écuyer : Homme chargé d’accompagner le chevalier, de s’occuper de son cheval et de le servir.

-         Allègre : très joyeux.

-         Vigoureux : Qui a une grande force physique.

-         Clos : fermé.

-         Châtier : punir.

-         Lâche : contraire de courageux.

-         Valet : Domestique, serviteur.

-         Fripon : voleur.

-         Rial : monnaie espagnole de l’époque.

-         Balbutier : parler d’une façon qui n’est pas claire.

-         Soustraire : enlever.

-         Exécuter : mettre en pratique, appliquer, obéir.

-         Châtier : punir.

-         Accroître : augmenter.

-         Las : fatigué.

-         Vaillant : courageux.

-         Borgne : qui ne voit qu’avec un seul œil.

-         Furie : grande colère.

-         Trébucher : perdre l’équilibre.

-         Osseux : très maigre.

-         Meurtri : Ayant des traces de blessures.

-         Disloquer : sortir de son articulation, briser.

-         Livresque : des livres.

-         Décousu : qui n’a pas de sens, qui n’est pas logique.

-         Moulu : v. moudre, réduire en poudre.

-         Captif : prisonnier.

-         Extravagances : exagérations.

-         Disloquer : désarticuler, mettre en morceaux.

 

 

As-tu compris l’histoire ?

  1. Qui est André et pourquoi est-il battu ?
  2. Quels sont les ordres de Don Quichotte ?
  3. Que penses-tu de son intervention ?
  4. Est-ce qu’il a réussi à sauver André du fouet ? Pourquoi ?
  5. Dégage un passage qui te permet de faire un portrait moral des marchands de Tolède.
  6. Imagine que tu veux mettre Don Quichotte en garde contre ces marchands, que lui dirais-tu ?
  7. Est-ce qu’ils connaissent Dulcinée ?

Justifie ta réponse.

  1. Pourquoi alors Don Quichotte veut-il qu’ils parlent d’elle ?
  2. Relève la phrase la plus drôle dite par un voyageur à propos de Dulcinée.
  3. Après ces deux mésaventures, Sancho parle doucement à son maitre pour lui expliquer pourquoi cela finit toujours mal. Imagine ce qu’il dit.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                          

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Illustrations : Hend Bousrih

Conception graphique : Malêk Chouaïb

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dépôt légal : novembre 2010

Première impression : 2000 exemplaires

ISBN :  978 – 9938 – 830 – 00 - 2

N° de l’éditeur : 1159547 / N

Edition : PrinCesse 3 Rue Elkram Radès Méliane 2040 Tunisie

Tél et fax :  71 441 332 – 98 530 910 – 21 272 462

Mail : poetiste@live.fr

 



11/10/2011
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 42 autres membres