La mère du martyr
Mon enfant, tu as vécu dans mes artères
Tu y as gambadé, chargé de ta mission
Tu m'as gonflée de vie, tu m'as faite mère
Et tu fus mon cœur et ma raison
Tu mourus dans le même sang
Qui coula quand tu vins au monde
Un sang couleur de firmament
Un sang que je n'essuie pas de mes joues
Non ! je ne pleure pas…pas du tout !
Je tiens ton corps contre moib
Et je ne bouge pas. Je m‘imprègne de toi.
Mon petit, ce sein où tu as bu à mon âme
Ne faiblit pas, bien que je sois femme
J'embrasse ton front, j'embrasse ton pied
J'embrasse ta lèvre qui riait
En me mordillant le sein, quand je t'allaitais
Et coule encore mon lait
Dans les veines du peuple qui te porte
Il coule en déluge et emporte
Le mal qui me rongeait
Et dont tu m'as libérée.
Mon enfant, je n'irai jamais au cimetière
Te pleurer et dire des prières
Ta blanche tombe est inhabitée
Et toi, tu t'es réincarné
Dans tous ces corps qui vivent
Et qui boivent à mon lait
A mon lait couleur d'aurore
Et je ferme les yeux pour te revoir
Dans le berceau de ma naissance
Tu me mis au monde le jour
Où tu m'honoras de ton amour
Qui arrosa ma chair
Repose dans ma terre
Dans mon ciel, dans ma mer
Et dans les étoiles que tu as semées
Au sein de mes nuits d'été.
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